Daoudabougou le mariage de la petite Michelle

En janvier 2013 la deuxième fille d’Ami Coulibaly s’est mariée. Voici Monsieur Ibrahim Sory Samaké avec la nouvelle Madame Samaké, Michelle Aminata Bengaly. Homonyme de mon épouse, ‘la petite Michelli’ comme on l’appelait pendant de longues années est devenue grande. Titulaire d’une maîtrise en business, Michelle est directrice commerciale chez Total.

La tradition veut que le cortège nuptial rende visite aux maisons des oncles et tantes du jeune couple, avant de rentrer fêter chez la mariée sous barnum avec musiciens et griotes qui chanteront les louanges des mariés et de leurs familles. Les griotes ont bien chanté pour les Tall (que je suis) aussi bien que pour les Bengaly et les Coulibaly. Quand elles chantent pour louer l’assistance et leurs ancêtres, tout naturellement les griotes attendant leur recompense.

La cour commençait à se remplir déjà la veille avec l’arrivée des membres de la famille vivant à Fana, à mi-distance entre Bamako et Ségou. Ousmane, le frère le Michelli, est menuisier à Fana. Par chance, j’avais perdu la clef de ma chambre: Ousmane avait vite réglé le problème et 30 minutes plus tard il m’avait posé une nouvelle serrure. La famille, c’est utile! On avait une vigntaine de personnes qui dormaient dans le salon ce soir-là. En tant que patriarche, j’a gardé ma chambre.

Je dois raconter une histoire magnifique concernant les griotes, celles qui chantent les louanges de la mariée et de sa famille, qui racontent les gloire de nos ancêtres. La patronne de la famille venue de Fana, Madame Danso Fané, est d’une famille de griots. Elle avait appris à chanter avec sa grand’mère. Danso Fané est une femme intelligente avec énormément de charme. Cela faisait longtempos que je ne l’avait pas vue. Après sa formation comme infirmière, Danso s’était rendue compte qu’elle pouvait gagner bien plus d’argent avec son heritage de griote qu’avec sa formation médicale. Elle était au centre de la soirée chez nous à Daoudabougou.

Le lendemain une entreprise est arrive devant chez nous pour monter le barnum et installer les chaises de location. En moins de vingt minutes, les griotes de Bamako avaient localisé l’évènement. Descendant comme des criquets pélerins, les professionnelles bamakoises des mariages sont arrivées avec leurs grosses voix avec l’intention de dominer le mariage pour en tirer les sous.

Danso Fané s’est levée calmement et elle a sorti de sous des jupes un hautparleur électrique à batteries. Danso a commencé à chanter et sans effort aucun elle a repris le contrôle de ‘son’ mariage. Quand une griote chante, elle pose des questions et les autres respondent ‘Naam’ ….. ce qui veut dire ‘Je vous entends.’ C’est Danso qui parlait désormais avec sa grosse voix électrifiée et les femmes arrogantes qui venaient d’arriver étaient réduites à l’entendre: ‘Naam.’

Quel coup de genie! Bien joué Danso Fané! Jeu et Match!

Les femmes et les hommes au mariage de Michelle Bengaly.

Après les griotes et le rendez-vous à la Mairie pour y officialiser le mariage, vient la tournée et sucreries des oncles et tantes en convoi de voitures et de motocylettes. On revient à la maison pour manger et pour danser: le moment pour les griots musiciens de venir animer les danses de femmes sous la tente.

La beauté des dames:

Le passage à la Mairie est toujours débordant de personnes parce que le Maire célèbre 3 ou 4 mariages en même temps et dans la même salle.

Par temps normal la place publique est réservée aux matches de foot et le barnum n’a pas sa place. Au moment de mon arrivée – par contre – cette place était un dépôtoire infecte qu’il m’a pris plus d’un an d’efforts avant qu’elle ne soit nettoyée. Une fois propre, la place à servi la jeunesse du quartier. Plus tard des marabouts corrompus avaient essayé d’y construire leur mosquée pour en tirer profit personnel pour eux-mêmes. La jeunesse avait réagi. A chaque fois qu’on a commencé une construction, les jeunes la détruisaient dans la nuit jusqu’à ce que les autorités reviennent sur la question pour respecter le plan urbain qui réserve la place pour la communauté. Sinon Bamako ne saurait respirer.

Comme si on était en manque de mosquées! Il y en a au moins six à moins de 200 mètres de ma maison. Le muezzin qui me reveille à cinq heures du matin ira aux enfers, je le sais: il chante mal au point où ses paroles blasphèment chaque jour.